L'Arche à Cognac, modèle d'insertion économique

Publié le par octapeh

Le 23 juin dernier, le Centre des jeunes dirigeants de Poitou-Charentes couronnait, à Cognac, les lauréats des troisièmes « Trophées de la performance globale ». Sur les quatre, trois étaient charentais : Biomotik (énergies renouvelables) à Éraville chez les plus de 20 salariés, la SCEA Brard-Blanchard (exploitation viticole « bio ») à Boutiers Saint-Trojan chez les moins de 20 salariés, et l'association L'Arche en Charente, l'un des deux « coups de cœur ».

Retrouver ici l'émanation locale de cette communauté qui accueille des personnes ayant un handicap mental est un signe fort. Il prouve une pleine insertion dans le tissu économique, battant en brèche l'image d'un organisme replié sur lui-même.

Professionnalisation

Fondée en 1964 par le Canadien Jean Vanier et le Père Thomas Philippe, la communauté de l'Arche reste marquée par des valeurs d'inspiration catholique. Mais la religion n'est plus un pivot incontournable. « Plus que religieuse, on est dans une dimension spirituelle. L'Arche a signé la Charte des droits et libertés de la personne, dont un article stipule la liberté de chacun. Chez nous, certains vont à la messe, d'autres n'y vont pas. La spiritualité à l'Arche aujourd'hui est plus dans le partage, le vécu, que dans la règle », souligne Frédéric Ronier, responsable de la communication et du personnel de l'Arche en Charente.

Celle-ci s'est tout particulièrement fondue dans cette philosophie. Peut-être parce que le voisinage entre catholiques et protestants facilite l'œcuménisme. « Au niveau international, l'Arche s'appuie sur les religions de différents pays. Il y a, par exemple, un projet au Koweit, dans lequel notre responsable administratif et financier de Cognac, Yamin Korkoub, est impliqué », relève Frédéric Ronier.

Autre évolution, les jeunes volontaires sont accompagnés dans une démarche de professionnalisation.

« On garde nos particularités. La notion de foyer, avec une organisation de vie de famille, est au cœur de la vie. La "réciprocité" est un principe fondateur. À l'Arche, on ne vit pas "pour", on vit "avec". On pense venir donner, et on reçoit beaucoup », observe Frédéric Ronier.

Inran peut en témoigner. Ce volontaire français en service civique, qui travaillait dans la restauration, a ressenti le besoin de « se poser ». « Dans un foyer, on est dans le concret, on est tout de suite dans le bain », pointe-t-il.

La crise surmontée

La famille est grande. Le foyer Shalom, qui vient de fêter ses trente ans, compte un responsable et un assistant salariés, et deux volontaires, pour six personnes accueillies. Le 15 juillet, ils étaient une centaine à se retrouver dans les locaux, place Jean-Monnet, pour célébrer cet anniversaire.

Tous les hébergements sont dans l'hypercentre, avec 28 personnes réparties sur quatre foyers et 20 en service d'accompagnement à la vie sociale, en appartements. Un projet de nouveau foyer dédié aux travailleurs handicapés qui arrivent à l'âge de la retraite est dans les cartons.

L'implantation au cœur de la ville est volontaire, tout comme l'est celle dans une zone d'activité économique de l'établissement spécialisé d'aide par le travail (Esat), à Châteaubernard. Soixante personnes y travaillent, plus seize autres accueillis en section d'activité de jour (SAJ).

L'Arche à Cognac, qui a fêté ses 30 ans en 2007, est indépendante depuis 1997. Elle a refusionné cette année avec les autres sites de Courbillac et Lignières, afin de faciliter les relations avec les financeurs, mais garde une autonomie de fonctionnement.

Comme tous les Esat, l'Arche a subi la crise économique, mais a su se relancer en initiant une activité d'entretien de locaux. « On a énormément de travail. Il n'en faut pas plus, on est là aussi pour faire de l'éducatif », note le responsable du personnel.

Publié dans News régions

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