Handicap: La France en retard

Publié le par octapeh

A l'occasion de la journée internationale des personnes handicapées, Monique Pelletier, ancienne ministre chargée de la condition féminine et de la famille entre 1978 et 1981 et Présidente du Conseil National Handicap, appelle à une mobilisation des pouvoirs publics.

 

Le principal mérite de l’intervention de Pierre Bergé sur le Téléthon a été d’ouvrir un débat sur le handicap… on en parle si rarement !

Sur ses propos, tout a été dit. Certes, un ensemble d’associations partenaires serait préférable à une association unique. Certes, provoquer la générosité en exhibant des enfants très handicapés n’est pas la meilleure manière de faire progresser leur insertion dans notre vie sociale… Mais cette solidarité à leur égard, deux jours par an, est sans doute le passage obligé pour financer les recherches.

On comptait en France, en 2006, 5 millions de personnes handicapées que notre société persiste à ignorer ou à maintenir "à part". Echec de l’insertion des enfants handicapés à l’école, des adultes handicapés dans les entreprises et les administrations. Le taux fixé par la loi est loin d’être atteint. On préfère payer les indemnités prévues plutôt qu’engager.

Absence de nominations, de promotions des personnes handicapées dans les médias, les postes de responsabilité, le gouvernement. Sait-on que la grande, très grande majorité d’entre elles est apte à exercer aussi bien… et peut-être mieux que les autres, une activité responsable? Quelques aménagements permettent, en effet, aux personnes atteintes d’un handicap sensoriel ou moteur, une efficacité parfaite.

Le terme de "handicap" est sans doute trop global car il recouvre des situations sans rapport entre elles. La grande dépendance, la perte d’autonomie, la maladie mentale ou psychologigue rendent l’insertion difficile ou impossible. En revanche, le dommage corporel de naissance ou suite à un accident de la vie permet de vivre avec les autres et comme eux. Roosevelt présidait aux destinées de son pays en fauteuil roulant… W. Schauble, également, ministre de l’intérieur en Allemagne, et d’autres aussi.

Tout récemment, aux USA, la chaîne de télévision "Chanel" a confié à un journaliste handicapé la présentation de son journal… de 20h pendant une semaine. Le public a formidablement réagi.

Les exemples sont nombreux qui relèguent la France loin des autres pour l’accueil et l’insertion des personnes handicapées.

La nouveauté encore mal perçue – semble-t-il – par nos dirigeants, par les patrons, par le grand public, est que les personnes handicapées refusent désormais la pitié, la compassion, les bons sentiments. Ils demandent que l’on reconnaisse leur "différence" comme un élément de cette diversité devenue un thème national au même titre que l’origine ethnique, la couleur de peau ou la culture.

Les Pouvoirs publics estiment consacrer d’importants moyens au handicap. C’est vrai mais c’est loin d’être suffisant. La loi de 2005 qui répond aux principales attentes des personnes handicapées et de leur famille, n’est pas correctement appliquée… loin s’en faut !

Si nos dirigeants consacraient un peu plus de leurs talents, de leur temps, de leur volonté à améliorer réellement la situation des personnes handicapées en France, ce serait un progrès majeur pour l’ensemble de nos concitoyens, dont chacun, un jour, peut-être victime d’un handicap.

Au Président de la République de démontrer, malgré la crise, malgré les mille et un problèmes pour lesquels il doit proposer une solution, que le handicap est aussi pour lui une priorité.

Monique Pelletier

Publié dans Emploi

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